Voyage dans le Val de Loire du 5 au 9 octobre 2021

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A la fin du XVe siècle, la France va faire de la région un véritable laboratoire d’expérimentations architecturales sans précédent. Grâce aux guerres d’Italie, souverains, membres de l’aristocratie et grands financiers vont rivaliser d’imagination et de luxe pour constituer en moins de cinquante ans un ensemble exceptionnel de demeures et de châteaux à l’origine de la diffusion des formes de la Renaissance italienne en France.

Louis XI décide, à la naissance de son fils, le futur Charles VIII, que son éducation se fera à Amboise. En 1483, Charles VIII y installe la cour. L’impulsion est donnée : le Val de Loire se met au diapason. Après Charles, Louis XII et François 1er s’y établissent. Après les ravages de la guerre de Cent Ans et les grandes épidémies de peste, la France renait à la vie aussi bien intellectuelle que corporelle. Littérature, peinture, musique, art des jardins fleurissent sur les bords de Loire.

MARDI 5 /10 : ALBI / TOULOUSE / LOCHES

Entre le XIIe et le XIIIe siècle, Loches subit plusieurs sièges lors de la lutte entre les Plantagenêt (Henri II et Richard Cœur de Lion) et les Capétiens (Philippe Auguste). La sévérité de la cité est adoucie par les sourires d’Agnès Sorel dont le gisant occupe la collégiale St Ours.  Nous visitons le donjon érigé par Foulques Nerra avec les salles de tortures et les cachots et le premier escalier en colimaçon !

Eglise de Loches

MERCREDI 6/10 : AZAY LE RIDEAU – LANGEAIS – VILLANDRY

Tout d’abord, direction Langeais, symbole médiéval de la puissance française et parfait représentant de l’architecture de la fin du Moyen Âge et de son évolution au cours des siècles. La forteresse se dresse en plein centre-ville. Nous y entrons par un pont- levis enjambant les anciennes douves. Cependant, la façade intérieure est bien plus accueillante avec ses fenêtres à meneaux et ses lucarnes décorées. L’intérieur nous fait revivre l’atmosphère de la vie seigneuriale au début de la Renaissance avec tapisseries mille-fleurs et coffres sculptés. Dans la salle des mariages, nous assistons « en direct » au mariage secret entre Anne de Bretagne et Charles VIII : des mannequins de cire grandeur nature avec commentaires de Stéphane Bern ! Et encore des escaliers en colimaçon !

En début d’après-midi, nous arrivons à Azay-le-Rideau, bâti sur pilotis sur une île de l’Indre. Côté cour, remarquons l’escalier droit ouvert par 3 étages de baies jumelées formant des loggias. Les lettres F et C rappellent que le château fut placé sous le parrainage de François 1er et Claude de France (fille de Louis XII et d’Anne de Bretagne) qui ont pour emblèmes la salamandre et l’hermine. 22 N’oublions pas que c’est à Claude de France que nous devons l’introduction en France de la prune « reine-claude » !

Azay-le-Rideau

Mais nous devons partir pour Villandry et ses jardins. Villandry est le dernier des grands châteaux bâtis à la Renaissance. Il est certes remarquable à l’intérieur, mais le plus beau, ce sont les jardins. Ces jardins se développent sur 4 terrasses superposées. Il y a le Potager Renaissance avec ses 9 carrés plantés géométriquement de légumes et d’arbres fruitiers.  Puis le jardin des Simples, entre le potager et l’église, rappelle la tradition monastique avec ses herbes aromatiques et médicinales. Le jardin d’Eau est un vaste cloître de tilleuls avec une réserve d’eau et, enfin, le jardin du Soleil regroupe des chambres formées par des arbustes (tilleuls et charmes) et des vivaces regroupées par couleurs : bleues et blanches ou orange et jaunes.

JEUDI 7/10 : AMBOISE – CHENONCEAU

Palais royal d’Amboise

Amboise, une cité qui reste dans l’histoire de France grâce à plusieurs évènements importants : la mort accidentelle de Charles VIII en 1458, l’édit de tolérance en 1463, les obsèques de Léonard de Vinci en 1529. Nous avons pu entrer dans la chapelle St Hubert, chef d’œuvre de gothique flamboyant qui abrite la tombe de Léonard de Vinci (que j’appellerai simplement Léonard par la suite…). Le jardin est d’inspiration méditerranéenne avec cyprès, chênes verts, lauriers, charmes et buis taillés en boule. Dans le logis du roi, nous pouvons admirer nombres de tapisseries, qui formaient l’essentiel du mobilier à la fin du Moyen Âge. La Salle du Conseil nous offre une pile de colonnes ornées de la fleur de lys du royaume de France et de la queue d’hermine du duché de Bretagne. Nous redescendons, non par un escalier en colimaçon, mais par la large rampe de la tour cavalière, rampe que pouvaient gravir cavaliers et attelages autour d’un vaste puits de lumière.

Après le déjeuner, nous partons à pied vers le Clos Lucé, à quelques 500m du château royal. C’est dans cet édifice de brique rose soulignée de tuffeau, acquis par Charles VIII pour Anne de Bretagne, que François 1er installe Léonard en 1516. Nous voyons la chambre de l’atelier de l’artiste avec ses pinceaux et ses couleurs. Dans l’oratoire d’Anne de Bretagne, nous admirons 3 belles fresques de l’atelier de Léonard. Et dans la salle des maquettes, on reste bouche bée devant les 40 maquettes de machines inventées par Léonard, du char d’assaut à la pompe à eau et à l’hélicoptère.

Chenonceau

Et nous terminons l’après-midi à Chenonceau, au bord du Cher. On peut le surnommer le « Château des Dames » : Catherine Briçonnet la bâtisseuse, Diane de Poitiers, gestionnaire et mécène ; Catherine de Médicis, se vengeant de Diane en lui prenant Chenonceau et en l’obligeant à s’exiler à Anet ; Louise de Lorraine, femme de Henri III, la « Dame Blanche » qui porta jusqu’à sa mort, le deuil en blanc de son époux. Les cuisines impressionnantes, sont installées dans les soubassements du château dans une salle basse aux 2 voûtes sur croisées d’ogives. Ah, et j’allais oublier : à nouveau des escaliers en colimaçon ! Le plus remarquable, à Chenonceau, c’est bien sûr la galerie sur le Cher. Elle est longue de 60 mètres, large de 6, éclairée de 18 fenêtres, avec un sol carrelé de tuffeau et d’ardoise. Lors de la 2e guerre mondiale, le Cher matérialisait la ligne de démarcation. L’entrée du château se trouvait ainsi rive droite, en zone occupée, la galerie, dont la porte sud donnait accès à la rive gauche, permit à la Résistance de faire passer de nombreuses personnes en zone libre.

VENDREDI 8/10 : CHAMBORD-BLOIS

Chambord apparaît né du rêve de François 1er et inspiré par Léonard. François II et Charles IX viennent souvent y chasser. Délaissé par Henri III et Henri IV, Chambord semble renaître avec Louis XIII qui y viendra souvent. Louis XIV y fit 9 séjours et Molière y créa » le Bourgeois Gentilhomme » en 1670. C’est un bâtiment remarquable et impressionnant, fastueux et grandiose. Nous montons par l’escalier à double révolution qui occupe le centre de la croix formée par les 4 grandes salles de garde. Inspirée de croquis de recherches de Léonard, sa conception est particulièrement originale. Son noyau central ajouré permettait aux hôtes du château de s’apercevoir d’une volée à l’autre. Les plafonds à caissons en pierre aux voûtes en berceau en anse de panier font alterner, dans un riche décor, l’initiale de François 1er et la salamandre couronnée qui illustre sa devise « nutrisco et extinguo » (« je me nourris de bon feu, j’éteins le mauvais feu »). Mais à côté de cet escalier majestueux, nous avons empruntés plein d’escaliers en colimaçon pour arriver sur la terrasse !

Nous entrons dans le château de Blois derrière la statue équestre de Louis XII. Ce château fût la résidence de 7 rois et de 10 reines de France. Autour de la cour, se déploie un florilège des 4 styles de l’architecture française : gothique avec la salle des Etats Généraux, prémices de l’influence italienne avec l’aile Louis VII, Renaissance dans l’aile François 1er et classique avec l’aile bâtie par Mansart pour le duc d’Orléans, frère de Louis XIII. L’escalier à vis à la mode italienne a une fonction d’apparat. La cage en est évidée entre les contre forts et forme une série de balcons. Ce lieu ne peut cependant pas se défaire de son passé sanglant : assassinat du duc de Guise dans la chambre de Henri III, et celui de son frère, le cardinal de Lorraine, le lendemain.

Nous terminons notre périple à Cheverny, château propriété de la même famille depuis cent ans. Hergé s’en est inspiré pour dessiner le château de Moulinsart du capitaine Haddock. La façade avec son ordonnance symétrique est un modèle du style classique Louis XIII. L’intérieur, en tout cas l’étage qu’on peut visiter, est tout en lambris polychromes, dorures et meubles précieux. Dans le parc s’élèvent séquoias, cyprès chauves, pins et cèdres. Il abrite aussi un chenil avec une importante meute de chiens de chasse que l’on entendait aboyer.

SAMEDI 9 /10

Avant de partir, nous nous arrêtons à Bourré, un petit village au bord du Cher pour y visiter une habitation troglodytique. Son propriétaire nous ouvre 3 des pièces d’habitation et nous montre la magnanerie installée au-dessus. Il y élève quelques vers à soie pour faire revivre ce qui fût un artisanat très important aux XVI et XVII siècles.

Ce fût un séjour parfait : il a fait beau, pas trop chaud, il n’y avait pas une horde de touristes, les paysages étaient magnifiques, les guides très intéressants et les escaliers en colimaçon !

D’après un texte de Claudine Crusem