Témoignages

      Commentaires fermés sur Témoignages
 


 

Madame Cluzel : elle avait 100 ans

Le 20 mai 2020, Madame Suzanne Cluzel, professeur de Lettres Classiques, nous a quittés.
Une ancienne élève se souvient :

Il est des professeurs qui ont marqué notre scolarité et dont le souvenir reste agréable dans nos mémoires. Madame CLUZEL était de ceux-là pour moi. Elle nous a appris les rigueurs et les subtilités de la langue française qui font qu’aujourd’hui j’aime jongler avec les mots dans les ateliers d’écriture. Elle nous a aussi enseigné le latin- ah ! les litanies chantantes des déclinaisons : rosa, rosa, rosam… – nominatif, vocatif, accusatif… – qui sait encore cela ?  Mais aussi elle nous a ouvert les portes de la culture latine qui a engendré une civilisation remarquable. Quel plaisir d’apprendre ! Une compétence professionnelle liée à une bienveillante autorité, un professeur que j’ai beaucoup apprécié.

Josiane Maestripiéri-Comin

 

Hommages à Jean Roques

Homme de lettres, professeur, toute sa vie et son œuvre sont tarnaises. Sa culture était grande et sa pédagogie ferme et souriante à la fois.
Il savait déclencher le chahut dans la classe et savait l’arrêter, juste par le verbe qu’il avait parfois haut.
On l’appelait le Romain parce qu’il savait séduire par les langues anciennes mais aussi l’occitan. Il latinisait le nom des élèves et on l’imaginait, en toge discourant sur le forum.
Sa plume élégante et fluide en fit un chroniqueur au style inimitable dont se régalèrent les lecteurs de la Dépêche, pour ses rubriques littéraires et artistiques après avoir été sportives au service du Racing Club Albigeois, le club treiziste cher à son cœur.
Pendant 25 ans, il dirigea la Revue du Tarn, la plus ancienne revue française de province, que lui confia le poète René Rouquier. Il y accueillit les historiens mais aussi les créatifs de la littérature et des Beaux-Arts.
Son livre majeur, c’est le « Guide du Tarn » dont les deux éditions de 1973 et 1981 ont été les deux plus gros tirages départementaux. Le vade-mecum qui a permis de découvrir les merveilles qu’on avait à sa porte.
Ses ouvrages sur le Saut du Tarn de Saint-Juéry, où il était né, sur Castelnau-de-Levis, sur le peintre Bajen, son ami et in fine sur Albi « La biographie de ma ville » ont permis le déploiement de son grand talent. 

Articles de Presse

Jean Roques est venu apporter la culture au lycée de Carmaux au volant d’une superbe Panhard & Lavassor jaune.
Il arrivait souvent en retard, terminant ses cours à Albi et devant reprendre à la même heure à Carmaux ! On l’attendait avec impatience, le guettant derrière les carreaux. Il alliait à la fois affection et autorité et attribuait à chaque élève un surnom à consonnance grecque ou latine. Sa manière d’enseigner était originale et attractive avec des images cinématographiques. Un exemple : dans Homère, il disait : « Plein feu sur la maison de Priam ! »
Un jour, il est arrivé les bras chargés de livres qu’il a jetés à toute volée dans la classe en disant : allez, prenez la culture ! Nous, les lettres classiques, nous étions pour lui les privilégiés, les autres les barbares !
Il se plaisait à déclamer en Latin quelques vers empruntés à Ovide en particulier devant les ruines de la villa de Montmaurin qu’il nous avait fait visiter en fin d’année scolaire.
Un prof inoubliable que j’ai eu la chance d’avoir de la sixième à la terminale.

Danièle Combes

 

Bernard Bistes, témoignage

J’ai le souvenir d’un professeur-artiste, provocateur, avec un côté décalé quand il venait en cours vêtu d’un pantalon de cuir noir moulant. Avec mes camarades, nous faisions des paris sur ses commentaires sur nos « œuvres ». En fin de cours, il pouvait dire d’un dessin « C’est génial, ça vaut un 18 ! » et la semaine suivante dire : « C’est nul, ça vaut 3 ».
Nous nous sommes toujours rendus à ses cours d’Arts plastiques avec plaisir et curiosité.

Aurélien Bounhiol

 

Un autre visage de Madame Balssa

Qui ne se souvient de Madame Balssa, superbe, souveraine, drapée dans sa grande cape bleue, qui déambulait sur le promenoir du Collège ?
Les circonstances ont voulu que j’entrevoie un autre visage de notre directrice.
Nous sommes début juillet, en voyage en Sicile, accompagnées par nos professeurs et Madame Balssa. Le car s’arrête, en début d’après-midi, sur une place écrasée de soleil. L’air est moite, la chaleur est torride. Je m’aperçois que j’ai oublié mon sac. « Vite, allez le chercher ! » me dit une de nos « gardiennes ».
Je cours vers le car qui n’était pas encore fermé, monte haletante et que vois-je ? Etendue de tout son long dans l’allée centrale, pieds nus, le visage et les cheveux défaits…Madame Balssa, souffrante, accablée de chaleur, sa longue silhouette barrant le passage. Elle ne me voit pas, ne m’entend pas, semble dormir. J’escalade prestement la rangée de fauteuils jusqu’au milieu du car où se trouve ma place, saisis vivement mon sac, et la même acrobatie me fait rejoindre la sortie. Avant de descendre je jette un coup d’œil furtif, gêné, presque coupable vers Madame Balssa que je laisse seule, démunie et terriblement pathétique.
C’est pour moi le souvenir le plus secret, le plus émouvant qu’il me reste de Madame Balssa et que je garde comme un privilège.

Nelly Monsarrat-Pannetier

 

Hommage à Marie-Christine Brière

Poète, Écrivaine, Chanteuse, Peintre, Théâtre
Femme passionnée, intransigeante, au coeur généreux,
Marie Christine est partie en août.
Nombreux ont été les hommages et les témoignages d’amitié
Extrait des derniers vers de JOI d’AMOR

« Amour fou Fol Amor Joi d’Amor
à l’intérieur un chant te chante
aussi sûrement que t’escortent
en battements
l’envolée des oiseaux sur une traîne d’or »

Roselyne Sudre

 

Hommage à Monsieur Lecomte

« Claude LECOMTE disparaît à 68 ans, victime d’une cruelle maladie contre laquelle il se battit dans la discrétion, la qualité première de ce grand travailleur qui recherchait l’efficacité dans le respect des autres par la conciliation ! Professeur d’anglais, il a parcouru le monde, de l’Afrique à l’Extrême-Orient, diffuseur aussi de notre culture au sein de l’Alliance Française.
De professeur, il était devenu proviseur et se retrouva à la tête de la grande communauté scolaire du lycée Bellevue d’Albi, où il fit l’unanimité auprès des enseignants, des élèves et des parents, ouvrant largement l’établissement à la culture en instaurant des liens privilégiés avec la Scène Nationale d’Albi et son directeur devenu son ami, Pascal Paris : résidences d’artistes, spectacles « Les Insolites ». Élu de la ville en 2014, il fut le « fontainier », chargé de la délégation de l’eau, et devint vice-président de la Communauté d’agglomération. Son expérience à l’étranger en fit naturellement un délégué aux relations internationales de la ville et à ce titre il fit partie de la délégation municipale s’étant rendu au Yunnan dans le cadre du jumelage avec la ville de Lijiang. Il présida le Syndicat Mixte Sup’Albi Tarn, qui implique fortement la ville dans le fonctionnement de l’Université Champollion. Il croyait aux liens étroits de l’enseignement et de la culture et dans toutes ses fonctions éducatives et politiques il se dévoua à cette cause. »
« Bon vivant, il adorait l’opéra et ne manquait aucune des retransmissions des opéras du Met de New York, rêvant de se rendre dans ce haut lieu lyrique après une traversée transatlantique. Aficionado, il allait à Dax et à Vic, deux plazzas que les connaisseurs apprécient pour la qualité des cartels et la caste des toros.
Un homme de grande culture, mais aussi d’action, qui ne cessa d’oeuvrer pour les autres : élèves et citoyens. Il était officier dans l’Ordre des Palmes académiques.
Il avait suivi notamment cette année avec intérêt le dossier de jumelage avec la ville de Lijiang, apportant sa connaissance de la Chine, son ouverture au monde et sa grande connaissance des arts et de la culture. La municipalité salue aussi son talent d’élu de proximité dans le quartier de la Madeleine qu’il aimait tant. Elle tient enfin à rendre hommage à un homme engagé, dévoué et disponible dont l’humour, le savoir-être, la tolérance, le courage et l’humanisme auront marqué ceux qui l’ont côtoyé. »
La dépêche du Midi

Claude Lecomte a été le Proviseur du Lycée et collège Bellevue de 2008 à 2013.
J’ai eu l’occasion de partager avec M. Lecomte de la nécessaire ouverture au Monde. Grâce à lui, les élèves de Russe du lycée Bellevue ont pu profiter d’échanges linguistes entre Moscou et Albi, grâce à Mme Olga Gribenchikova, albigeoise, nommée directeur du bureau de représentation de l’Université d’État des Sciences humaines de Moscou qui a aussi permis à notre Amicale de réaliser notre voyage à Moscou du 17 au 28 mai 2012, logés à l’Université des Sciences humaines (RGGU) dans le quartier universitaire Novoslobodskaya.
M. Lecomte avait à son tour profité de ce lien avec RGGU et y avait séjourné comme un jeune étudiant !! Nous avions partagé nos souvenirs de Moscou et de cet hébergement qui nous rajeunissait tous. Cela nous avait fait sourire !
La Présidente et les membres de l’Amicale des anciens élèves de Bitche-Bruant-Bellevue A3B, adressent leurs sincères condoléances à sa famille.

Roselyne Sudre