Voyage à Milan et vers les lacs italiens, mai 2015
Cette année, nous retournons en Italie, vers le nord et les lacs.
– Vendredi 8 mai: Milan
Nous partons de Blagnac sous un ciel d’orage et atterrissons à Milan sous une pluie battante. Après avoir eu peur que cela ne dure, nous avons eu plus de chance avec la météo: soleil et douceur pendant notre séjour.
Nous passons le début de l’après-midi à Milan avec un temps libre ou une visite de la ville. J’avais opté pour le temps libre, et donc, je vous raconte ce que j’ai fait avec ma sœur et mon beau-frère. Nous sommes entrés dans la cathédrale: l’extérieur est majestueux et flamboyant alors que l’intérieur est plus austère. Dans la crypte, une urne en argent contient les restes de Saint Charles Borromée, archevêque de Milan mort en 1584. Mais nous le rencontrerons plus tard.
Puis nous avons mangé une glace, forcément en Italie!, dans la galerie Victor-Emmanuel II qui relie la cathédrale à la Scala.
En fin d’après-midi, nous prenons le car pour les lacs sous une dernière averse.
Et enfin, nous arrivons au bord du lac Majeur, entouré de montagnes déchiquetées, dans un décor d’azalées et de rhododendrons à gogo (déjà! Et seulement depuis le car!!). Et nous arrivons à Verbania, dans notre petit hôtel situé au bord du lac.
– Samedi 9 mai: lac Majeur et îles Borromées.
« Il neige sur le lac majeur
Les oiseaux-lyre sont en pleur
Et les pauvres lacs italiens… »
Hélas, je ne me souviens pas de la suite, mais vous aurez reconnu, je l’espère, la chanson de Mort Shuman. Il ne neigeait pas; il faisait même beau. Sur le lac, le plus long, nous allons visiter l’archipel des îles Borromées. « Ces îles donnent le sentiment du beau bien mieux que St Pierre à Rome » (Stendhal)… et c’est vrai.
D’abord l’Isola Bella: elle fut aménagée par la famille Borromée au cours de XVIIIème siècle à l’image d’un bateau. Là se dresse le Palazzo construit par Charles III Borromée en l’honneur de son épouse Ilsabella d’Adda. Nous entrons dans le palais dont les portes s’ouvrent sur une enfilade de salles richement ornées: la salle de musique où en 1935, Mussolini, Laval et MacDonald se réunirent pour la conférence de Stresa qui aboutit à un maintien de la paix malgré le réarmement de l’Allemagne; la bibliothèque avec la première édition de l’Encyclopédie et la salle Giordano avec de magnifiques tapisseries du XVIIème faites à Bruxelles. Au sous-sol, six grottes recouvertes de rocaille aux motifs marins servaient de refuge durant les chaleurs de l’été et abritent aujourd’hui une belle collection de marionnettes.
Puis nous nous sommes promenés dans les jardins baroques à l’italienne: dix terrasses étagées avec bassins, fontaines, cascades et jeux d’eau. Il s’y promenaient des paons blancs, certains faisant la roue: je ne peux m’empêcher de trouver ces volatiles un tantinet ridicules, surtout vus de derrière!!
Puis, l’Isola dei Pescatori (l’île des Pêcheurs), toute petite et occupée dans sa longueur par un village de pêcheurs, hélas transformé en restaurants et magasins à touristes! Nous y déjeunons, puis nous avons un moment pour déambuler… dans la foule! J’ai réussi, avec pas mal de volonté!, à en faire abstraction et j’ai profité du concert d’une hirondelle qui faisait des va-et-vient entre son nid et le fil du téléphone. Je suis aussi passée devant l’hôtel Verbano où Simenon écrivit « Cour d’assises ». Et je me suis assise un moment sur la plage en repensant à un roman de ma jeunesse: peut-être, comme moi, étiez-vous une lectrice de la collection « Rouge et Or », et je me suis souvenue d’ »Amitia, fille du lac ».
Enfin l’Isola Madre, la plus grande des trois îles. Dans le grand jardin à l’anglaise poussent de nombreuses espèces exotiques. Nous marchons parmi les azalées, hélas défleuris, les rhododendrons, les magnolias et autres pawlonias…Je citerai, parmi les arbres qui m’étaient inconnus, l’arbre à mouchoirs: certaines de ses feuilles blanches ressemblent à des Kleenex qui jonchent le sol. N’oublions pas les oiseaux: canards bien sûr, grèbes huppées, faisans et paons. Là, nous avons eu un joli spectacle: deux paons faisaient la roue pour une paonne qui avait l’air de s’en ficher et de les mépriser; et eux continuaient à se pavaner devant elle sous l’œil de trois canards couchés dans l’herbe et qui les regardaient en se disant (enfin, ça c’est moi qui le crois!): « Mais qu’est-ce qu’ils sont c…, ces paons: »
Puis nous avons visité le palazzo de XVIème où Saint Charles Borromée (celui de Milan, je vous avais dit qu’on le reverrait!) et Paul III ont préparé le concile de Trente. Ce palais abrite une collection de poupées et un très beau théâtre de marionnettes fait par le décorateur de la Scala. Cette visite restera surtout dans ma mémoire pour la prestation du guide: devant un public conquis d’avance et prêt à le suivre dans son délire, il nous a fait, pendant plus d’une heure, un spectacle digne de la comedia d’ell arte et nous a même chanté, très bien d’ailleurs, an air de Turandot.
Et nous sommes revenus à l’hôtel par Stresa pour une promenade au bord du lac et dans des ruelles étroites et tortueuses.
– Dimanche 10 mai: le lac de Côme, le plus profond.
C’est le Larius des Romains. Il est entouré de montagnes vertes, qui tombent, abruptes, dans l’eau.
Nous traversons d’abord Côme, au sud du lac, où règne l’industrie de la soie et qui, comme Venise, connaît un phénomène d’acqua alta de trois mètres.
Puis nous visitons la Villa Charlotte à Tremezzo. C’est une splendide villa du XVIIIème où résida Charlotte de Prusse. En haut d’un monumental escalier à balustres, ses vastes salons renferment quelques trésors de la sculpture italienne des XVIIIème et XIXème, en particulier des œuvres de Canova. Dans les jardins à l’anglaise poussent à l’envi rhododendrons, azalées, fougères, camélias, ainsi que de majestueux cèdres et des bambous : je n’arrêtais de m’extasier devant toutes ces fleurs et arbustes!
Nous avons ensuite pris le vaporetto vers Bellaggio. Sur le lac, il y avait des barques à deux godilles, les « Lucia », qui sont un sport apprécié sur le lac de Côme.
Nous avons déjeuné à Bellaggio et avons profité de ses promenades fleuries de lauriers rose, de ses terrasses à l’abri de stores multicolores et de ses ruelles en escalier. Il y a là la Villa Melzi, où Liszt composa da « Sonate et fantaisie » après une lecture de Dante, et la Villa Serbelloni où séjourna Stendhal. Au milieu du village se dresse l’église San Giacomo du Xième, avec un beau crucifix en granit sculpté par un des sculpteurs de Côme, les mæstria comacini.
Et nous sommes rentrés en passant devant la villa de George Clooney, mais il n’était pas là…
– Lundi 11 mai: le lac d’Orta, le plus petit.
Avant de partir pour le lac, nous nous arrêtons à la Villa Taranto. Son jardin fut Créé en 1931 par le capitaine écossais Neil Mac Eacharn, industriel passionné de botanique. Sur un terrain de 16 ha, poussent plus de 20 000 sortes d’arbres et d’arbustes.
Puis nous arrivons au lac, plus petit que les autres, et plus calme aussi avec ses berges sauvages.
Le village d’Orta se trouve au pied du Mont Sacré: hors des luttes entre protestants et catholiques ont été construites vingt petites chapelles autour de celle dédiée à St François d’Assise.
Au centre du village s’étend la piazza Motta avec un double alignement de marronniers où on attend la bateau pour l’île San Giulio. Sur cette place s’élève le palais communal posé sur des pilastres et qui servait jadis à rendre la justice. Dans un petit magasin, on peu aussi déguster de bonnes glaces faites maison!
Enfin nous prenons un petit bateau pour l’île San Giulio, célèbre grâce à la légende de St Jules l’Evangélisateur: en 390, le Saint, à peine arrivé de Grèce, traversa le lac sur son manteau jusqu’au rivage le l’île pour en chasser les dragons qui l’infestaient et y fonder sa centième église.
Cette église du XIIème est décorée en style baroque. On y voit une chaire avec les quatre Evangélistes et des symboles de la lutte entre le Bien et le Mal. La crypte abrite une châsse renfermant la dépouille de St Jules.
L’île possède aussi un ancien couvent de Bénédictines dont on fait le tour par le « chemin du silence », silence très prisé des Bénédictines, mais hélas pas des touristes ou des écoliers venus visiter l’île. Dommage!
Et le mardi 12, nous sommes revenus vers Milan, où nous nous sommes séparés: certains restaient à Milan pour visiter l’exposition universelle, et d’autres rentraient à Toulouse. J’ai préféré rentrer à Toulouse et laisse le soin à Roselyne de vous raconter la suite.
Quant à moi, je vous quitte avec cette citation venue d’un Indien d’Amérique du Nord:
« Sois attentif au silence, protège-le car il contient tous les rêves des hommes »