Burlats et Vabre le 11 octobre 2024

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Nous partons d’abord vers Burlats que nous avions déjà visité en 2011.

A Burlats, nous nous arrêtons devant le pavillon d’Adélaïde. Au 12ème siècle,  Constance, fille du roi de France Louis VI et épouse de Raymond V comte de Toulouse, choisit les gorges de l’Agout pour y vivre une vie retirée, loin d’un mari qui la délaissait. Sa fille, Adelaïde, fut élevée à Burlats. En 1171, elle épouse Roger II Trencavel, adversaire de Raymond V. Roger meurt en 1194. Après sa mort, Adelaïde préside la « cour d’amour » de Burlats jusqu’à sa mort en 1200. Il y vient Arnaud de Mareuil, Ramon de Mireval et bien d’autres troubadours qui tous ont chanté la comtesse « aux yeux de violette ».

Le pavillon d’Adelaïde date du 13ème siècle. C’est un spécimen très rare d’architecture civile romane. Du côté de l’Agout, quatre fenêtres romanes bipartites sont reliées entre elles par un bandeau où s’inscrivent des dessins ornementaux. A chacune des fenêtres, trois colonnettes à chapiteaux soutiennent deux arcs géminés décorés.

Puis, nous visitons l’atelier Missègle à Lafontasse. Myriam Joly, fondatrice de l’entreprise Missègle, est une ancienne élève de Bellevue. Elle a décidé de privilégier l’artisanat local en créant son entreprise de production de tricot aussi bien de laine que de coton ou de chanvre. Elle a commencé par des chaussettes pour en venir aux pulls, robes, écharpes, couvertures… Tous les produits utilisés sont d’origine biologique et la main d’œuvre est locale. Personnellement, je suis fan des produits Missègle depuis plusieurs années : chaussettes, pulls, robes et tee-shirts.

Nous avons ensuite déjeuné à Vabre. Le repas était très bon, avec des produits du terroir, et même pas cher ! Un régal !

Revenons à l’histoire de Vabre pendant la 2ème guerre mondiale. Dès 1940, Vabre, ville libre et franche depuis le 13ème siècle, offre asile aux Juifs et aux réfugiés politiques. Autour du maire Pierre Gourc, des élus et du personnel municipal, l’accueil et le sauvetage s’organisent et fournissent asile, faux papiers et cartes d’alimentation. La complicité active des gendarmes commandés par Hubert Landes et la participation de la population permettent d’assurer la sécurité des réfugiés et des maquisards.

A l’été 1942, c’est le temps des rafles. Grâce à l’action conjointe d’organisations juives et protestantes, 35 jeunes filles juives étrangères menacées de déportation sont accueillies à la Jasse de Renne, sur les hauteurs de Vabre, avant d’être exfiltrées vers la Suisse ou d’autres caches.
Le 9 mars 1943, un groupe de jeunes éclaireurs protestants, réfractaires au STO, forme un premier maquis, dit maquis d’attente. C’est l’embryon de la Résistance.

Dans le Tarn, Charles d’Aragon est rejoint par Guy de Rouville. Industriel du textile et responsable des mouvements de jeunesse à Vabre, il est Pol Roux dans la clandestinité. Les Maquis de Vabre sont nés, ils deviendront le Corps Franc de la Libération numéro 10 au sein des FFI.

A l’été 1944, 463 maquisards sont inscrits au registre des Maquis de Vabre. Les civils et les femmes ont aussi joué un rôle majeur dans l’organisation de la Résistance. Sous le commandement militaire de Pierre Dunoyer de Segonzac, les maquis de Vabre ont participé à l’attaque du train allemand à Labruguière, puis à la libération de Castres en août 1944.

Après la libération du Tarn, 250 maquisards, formant le Corps Francs Bayard, s’engagent et rejoignent la première Armée Française du général de Lattre de Tassigny.

Vabre, « village sauveur », fait partie depuis 2015 du réseau « Villes et Villages des Justes de France » de Yad Vashem.