Albi insolite et inconnu
18 septembre 202O : nous nous retrouvons une vingtaine devant l’Office du Tourisme pour une promenade dans Albi.
Nous nous arrêtons d’abord rue Mariès en face de Saint-Salvi. Je suis sûre que peu d’entre vous ont emprunté la petite impasse Ste Martianne. Vous levez la tête et vous pouvez voir une statuette : Ste Martianne, sainte du V° siècle, passa seize ans au couvent et fit au moins un miracle en sauvant la vie à une femme accusée d’adultère. Il y eut là une église à son nom dont il ne reste rien qu’une petite Vierge à l’enfant que vous verrez si vous entrez dans l’impasse.
Ensuite, retournons-nous vers St Salvi dont je vous rappelle qu’il est mort de la peste en 584. Regardez bien la tour de l’église : ce n’est pas un clocher, mais une « gachole » (orthographe non garantie !), tour de guet érigée en 1390. Tout en haut, à côté des petites fenêtres rectangulaires, vous remarquerez le blason et une statue de St Salvi.
Nous passons alors place de la Pile qui était, au Moyen Âge, la place des mesures à grains. Si vous observez les pavés, vous voyez des pavés différents dont certains forment des lignes assez larges et partant souvent à angle droit : ce sont les marques, faites d’après d’anciens plans cadastraux, des murs des maisons qui se dressaient sur la place. Et devant le salon de thé de « l’Héritage » vous verrez une petite plaque de bronze : c’est l’emplacement de l’ancien puits.
Devant la cathédrale, on remarque les mêmes pavés que place de la Pile. Imaginez-vous que, au Moyen Âge, des maisons étaient accolées à la cathédrale. Et, entre celle-ci et le Palais de la Berbie, se trouvait la prison de la Temporalité. La Temporalité était le tribunal des affaires temporelles, par opposition au tribunal royal et au tribunal de l’évêque. Ce tribunal jugeait les « petits » délits, comme, par exemple, des vols ou des différends entre voisins ou commerçants. Partant du baldaquin vers la rue Mariès, il y a une ligne de pavés rouges qui indique l’axe cathédrale-préfecture.
Puis nous descendons vers le musée. La porte qui donne sur le quai Choiseul était une porte de défense, on peut encore y voir, en levant la tête, le logement de la herse. De l’autre côté de la rue, une tour est le reste de ND des Fargues, chapelle d’un couvent des Annonciades, créé par Jeanne de Valois, fille de Louis XI.
En montant vers la terrasse, sur le mur du musée, on aperçoit le contour d’une porte au niveau du premier étage. L’archevêque y avait construire une galerie pour pouvoir aller de l’archevêché à la cathédrale sans descendre dans la rue, sans avoir à se mêler au bas-peuple (ça, c’est moi qui le dis !).
De la terrasse, on voit le Pont Vieux qui date de 1035. C’est le plus vieux pont de France encore en activité pour les voitures. Au milieu, se dresse une croix, à l’emplacement d’une petite chapelle dédiée à Ste Marie et à St Firmin. N’oublions pas qu’au Moyen Âge il y avait des boutiques et des maisons sur le pont. Et c’est pourquoi les piles en sont creuses ; c’étaient en effet les caves des maisons.
En sortant, nous montons la rue de la Temporalité pour arriver place de la Tribaille où, derrière le miroir d’eau, se dresse un ensemble de trois arcs outrepassés, vestiges de l’ancienne cathédrale datant du V° siècle.
Nous nous dirigeons alors vers le Castelviel. Dans la rue du Castelviel, on peut voir sur certaines façades des plaques de fer. Elles devaient montrer que ces maisons étaient assurées contre les incendies. Elles étaient placées là pour que les pompiers sachent quelles maisons sauver des flammes en premier et servaient donc aussi de publicité pour les assurances !
Un peu plus loin, dans la rue St Loup, on remarque la sculpture d’une sirène bifide (à deux queues). C’est une sculpture gallo-romaine qui symbolisait à la fois la prostitution et un rassemblement de marins. On peut donc présumer pourquoi elle se trouvait dans ce quartier…De l’église St Loup, il reste le clocher que l’on peut encore voir derrière les maisons et aussi le presbytère dont nous allons reparler.
Car, en ce vendredi, place St Loup, était organisée par l’association du quartier une conférence sur les maisons de la place. Un membre de l’association a fait des recherches aux Archives Départementales et nous a expliqué l’évolution de cette place en détaillant les divers changements de propriétaires et l’histoire de ces maisons, y compris le presbytère.
Nous avons terminé notre après-midi au restaurant du Parc. Nous y avons dîné dehors, dans une atmosphère un peu rafraîchie, accompagnés par un duo de musiciens chanteurs qui nous ont transportés des années 5O à nos jours.